La coïncidence est troublante, et l'est d'autant plus que depuis dimanche et
des prises de position publiques de certains d'entre nous, le flux est vraisemblablement reparti. Mon hypothèse est que tous ces propos odieux ont tenu à l'écart de mon travail de nombreuses personnes — et je ne les en blâme pas. Quand des gens dont vous respectez l'opinion répètent encore et encore que les sceptiques sont des nazis (une fois encore, je cite), qu'ils font le jeu de l'extrême-droite et je ne sais quelles autres fadaises encore, c'est normal, voire même attendu, de se pas s'intéresser au travail de personnes aussi dangereuses.
Toutes ces stagnations ont
aussi des conséquences financières personnelles. Lorsque j'ai lancé
Plus, la version payante de L'Économiste Sceptique, je n'avais pas à proprement parler établi des prévisions de revenus. Mais comme je vous le disais plus haut, la performance décevante de ces revenus est clairement une mauvaise surprise — ce qui est à l'origine d'une situation financière très difficile pour moi. L'Économiste Sceptique n'est pas en danger — car sa survie est ma priorité numéro 1, et ma confiance dans son potentiel et dans son utilité est intacte. Mais concrètement, dans deux mois je ne pourrai plus payer mon loyer — et je serai donc obligé de retourner habiter chez mes parents. À 34 ans.
Je n'écris pas ça pour vous demander de me soutenir en vous abonnant à Plus. Bien sûr, si vous pouviez le faire ça m'aiderait je ne vais pas vous le cacher — mais ça n'est pas mon propos. S'il faut que j'en passe par un retour chez mes parents, je me suis en réalité résigné à cette perspective et je le ferai. Et encore une fois, cette performance décevante est aussi due à des erreurs que j'ai commises moi seul et qui s'ajoutent au harcèlement. Mon propos, c'est simplement de vous expliquer à quel point ce harcèlement m'a pénalisé moi à titre personnel, à quel point il a pénalisé L'Économiste Sceptique — et à quel point ce petit groupe d'extrémistes supposément “défenseur des SHS” ont en réalité participer à fragiliser l'un des projets de vulgarisation des SHS les plus importants de la communauté sceptique.
J'en profite, au passage, pour remercier les membres Plus qui m'ont fait confiance et sont restés à bord malgré la tempête. C'est littéralement grâce à vous que L'Économiste Sceptique existe encore, alors merci pour votre soutien indéfectible.
Maintenant, quelles sont mes perspectives avec L'Économiste Sceptique ? Comme vous l'avez compris, il est hors de question que j'arrête. C'est même tout l'inverse ! Depuis dimanche et les prises de position publiques dont je parlais plus haut, j'ai l'impression que quelque chose a changé — et, c'est à noter, de manière positive.
La première étape, je la mène en ce moment : c'est de vous parler de ce harcèlement — et, surtout, de ses conséquences pour moi et pour L'Économiste Sceptique. Il faut que vous sachiez pourquoi L'Économiste Sceptique a été aussi chaotique depuis un an, et surtout depuis l'été dernier. Pourquoi des annonces que j'ai pu faire à un moment donné n'ont pas toujours été suivies d'effet — ou seulement pour un temps.
Si vous me suivez sur Twitter, vous savez sans doute que j'ai souvent mentionné ce harcèlement. Mais accepter qu'il avait de telles conséquences, aussi négatives, sur moi et mon travail ; puis trouver le courage d'en parler d'abord à mes proches, puis de manière de plus en plus publique, tout cela a agit comme une véritable libération. J'ai reçu de nombreuses marques de soutien et de compréhension. Depuis lundi, mon cerveau s'est comme calmé et j'ai retrouvé une lucidité, une paix intérieure et une tranquillité d'esprit que je n'avais pas connu depuis au moins un an. Tout cela me rend optimiste. Et comme je vous le disais plus haut, le petit flux quotidien de nouveaux abonnés sur Twitter semble avoir repris. Je m'autorise à reprendre un peu espoir que l'on puisse, enfin, nous laisser travailler correctement. C'est pas comme s'il y avait des quantités industrielles de fadaises sur la science économique, l'économie et l'économie de l'environnement pour m'occuper…
Pour la seconde étape, celle qui viendra demain, je suis moins sûr. Il va bien sûr falloir que je digère tout ça avec l'aide de ma psychothérapeute. Mais je me dis qu'une fenêtre de tir pour corriger un certain nombre d'erreurs que j'ai pu commettre depuis un an s'est peut-être ouverte. Je l'ai dit plusieurs fois et je le répète encore : le semi-échec économique de L'Économiste Sceptique n'est pas uniquement dû à ce harcèlement. C'était la première fois que je lançais une newsletter, je savais que je commettrais des erreurs — et j'en ai commises.
À court terme, probablement rien ne va véritablement changer. Je vais continuer à rédiger autant de numéros que je le peux, je vais continuer à vous informer sur les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. J'avais en projet un nouveau format pour les numéros
réservés aux membres Plus, je vais sans doute le lancer plus ou moins comme prévu.
Reste la question financière. Vous l'avez compris, elle est pour le moment épineuse. Je vais sans doute faire comme je fais depuis plus de dix ans : voir au jour le jour et aviser.
Maintenant que j'ai pris aussi ouvertement la parole sur ce harcèlement et ses conséquences, j'aimerais sincèrement que c'est la dernière fois. Je veux pouvoir enfin passer à autre chose. Comme de nombreux autres amis et collègues sceptiques, j'aimerais utiliser mon temps pour produire du contenu — plutôt que pour endiguer de multiples vagues de harcèlement. J'ai des tonnes de numéros à écrire, certains sont déjà bien avancés (voire même terminés) mais je n'ai pas osé les publier afin d'éviter de déclencher de… nouvelles vagues de harcèlement. Cette peur a aujourd'hui disparu.
J'espère, enfin, que ces soit-disant “défenseurs des SHS” me laisseront moi, un spécialiste de l'une de ses SHS qui essaie de la vulgariser au meilleur de mes capacités à une communauté sceptique qui n'a eu de cesse de témoigner de son intérêt pour cette discipline, faire tranquillement mon travail. Il serait grand temps.
Je termine ce numéro en vous réitérant, à toutes et tous, mes remerciements les plus sincères pour tout votre soutien au cours de ces années difficiles. C'est par, et pour, vous que L'Économiste Sceptique existe. Alors merci !
À bientôt pour le prochain numéro,
Olivier